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Construction bois : Quand le CLT offre de nouvelles idées… Techniques constructives

Construction bois : Quand le CLT offre de nouvelles idées…

Mis à jour le 3 avr. 2025 à 16:59:47

Découvrez les avantages et spécificités du CLT ou panneaux de bois massif dans le cadre de la construction bois.

Avec l’essor de la construction bois, les techniques se développent pour répondre à l’ensemble des marchés actuels. Celles-ci s’appuient sur des innovations de produits, et sur les investissements dans les entreprises de la filière. Découvrez ici en quoi le panneau de bois massif, appelé CLT, a élargi le champ des possibles.

Comment fabrique-t-on un mur à partir de CLT ?

Un panneau CLT (Cross Laminated Timber) est un panneau dit « lamellé-croisé », où les planches de bois sont assemblées en plis, perpendiculaires les uns aux autres et dont le nombre sera toujours impair. Ce produit offre ainsi une résistance très forte, ce qui autorise la construction de murs, de planchers ou encore de supports de couverture sur des opérations très variées : maisons individuelles, bâtiments tertiaires, logements multiétages, etc. Il s’applique aussi sur des projets de rénovation.

Panneau CLT mis en œuvre (© Guy Schneider)

Panneau CLT mis en œuvre (© Guy Schneider)

Ce panneau est produit en atelier par des unités de transformation qui dispose d’une ligne de production adéquate : collage, presse, etc. Une fois le panneau brut assemblé et séché, il peut être usiné pour répondre aux exigences spécifiques d’un projet. Cette préfabrication offre un haut degré de précision et permet d’optimiser le temps de mise en œuvre sur chantier. Par exemple :

Pour constituer une paroi, il est, au même titre qu’une ossature bois, possible de fixer un isolant et des parements intérieurs et extérieurs. Le CLT joue alors pleinement son rôle structurel avant tout.

  • les profils sont travaillés pour s’adapter au projet, en matière de dimensions ou encore de formes ;
  • les ouvertures sont découpées avec précision pour l’intégration des menuiseries (portes, fenêtres, baies vitrées) ;
  • les percements nécessaires au montage sont réalisés ;
  • les réservations utiles à l’intégration des réseaux (électricité, plomberie, ventilation) et le passage des gaines techniques est anticipé et usiné dès l’atelier, facilitant ainsi le second œuvre.

Il faut bien comprendre que le panneau, par ses propriétés physiques, contribue au bon comportement thermique et hygrométrique de la paroi, d’autant plus s’il est couplé à un isolant. Toutefois, pour cela, il faut que la composition des murs et des planchers respecte les bonnes pratiques en vigueur.

Quels bénéfices retire-t-on avec cette technique ?

En utilisant ce matériau, les avantages se retrouvent durant toutes les phases du projet…

Avantages sur le chantier :

  • la sécurité : les perçages nécessaires au montage étant prévus dès l’atelier, cela facilite le montage sur site, avec les fixations adaptées pour le levage ;
  • la rapidité : grâce à la préfabrication, tout est conforme aux plans de conception, ce qui ne nécessite pas un long travail sur site. L’assemblage est facilité, ce qui réduit le temps de chantier et les nuisances pour les riverains. De même, le bois étant issu d’une filière sèche, il n’y a pas besoin de temps de séchage entre la pose des murs, des menuiseries ou encore de la toiture. Ce gain de temps peut se traduire par un moindre coût lié au chantier.
Pose d’un mur CLT sur chantier (© Guy Schneider)

Pose d’un mur CLT sur chantier (© Guy Schneider)

Avantages du matériau :

  • L’environnement : à base de bois, le CLT utilise une ressource renouvelable et de proximité, ce qui limite les transports. Aussi, le bois constitutif du panneau, dont le volume se veut conséquent, séquestre du carbone tout au long de la durée de vie du produit. Enfin, les besoins énergétiques pour la transformation du panneau sont réduits de plus de 60 %, en comparaison du béton ou à l’acier, par exemple. On estime que les émissions de gaz à effet de serre sont de l’ordre de 180 kg de CO2/m3 pour du CLT, contre plus de 500 kg de CO2/m3 pour du béton ;
  • La valorisation de la ressource : pour fabriquer ce produit, on peut utiliser des bois de qualité secondaire, afin d’en tirer le meilleur parti ;
  • Le ratio poids/performance : le bois est un matériau léger, qui offre malgré cela des performances mécaniques très intéressantes, tant dans les structures verticales qu’horizontales. Cette légèreté confère aussi une certaine souplesse, particulièrement appréciée en matière de résistance sismique.

Enfin, outre ces intérêts, le bâtiment lui-même en ressort amélioré, notamment sur :

  • l’esthétique : la qualité visuelle laissée par les panneaux apparents permet de bénéficier de l’aspect naturellement chaleureux du bois. Cette finition est spécifiquement travaillée lors de la confection des panneaux, pour être conforme aux standards attendus ;
  • les surfaces : par une faible épaisseur de panneau, on estime à 10 % le gain de surface habitable supplémentaire, par rapport à d’autres matériaux ;
  • une bonne résistance au feu : ce panneau peut répondre aux exigences vis-à-vis de la sécurité incendie ;
  • l’isolation : avec une bonne conception, l’isolation thermique et acoustique est assurée, contribuant à un environnement intérieur confortable et sain, apprécié des occupants.
Ambiance intérieure (© Guy Schneider)

Ambiance intérieure (© Guy Schneider)

S’agissant de la performance thermique, la composition même du panneau influe positivement sur cette caractéristique. Par un encollage des lames de bois, et un croisement des plis à 90°, aucun passage d’air n’est permis. Cette étanchéité est donc améliorée, tout comme la résistance à la diffusion de la vapeur d’eau au sein de la paroi, ce qui limite le risque de condensation dans le mur.

Cette combinaison monolithique, couplée à l’isolant, va aussi permettre d’éviter les ponts thermiques, qui génèrent habituellement de l’inconfort et des déperditions énergétiques au sein d’un bâtiment.

Avec un isolant adapté, on améliorera également le déphasage, propriété en lien avec la transmission de la température de l’extérieur vers l’intérieur du bâtiment, le bois ayant aussi une faible conductivité thermique. En période de canicule, de plus en plus fréquente, ce type de paroi contribue à améliorer le confort estival en atténuant les variations de température et en ralentissant leur transmission à travers le mur.

Enfin, les effets du bois se font aussi ressentir, grâce au caractère hygroscopique du matériau. Il permet d’absorber ou de rejeter de l’humidité en fonction de l’air ambiant, ce qui offre aux usagers un air ni trop sec, ni trop humide. Cela est non seulement bénéfique pour le confort, mais aussi pour limiter les risques de maladies.

CLT structurel en salle de classe (© Nicolas Montaudie)

CLT structurel en salle de classe (© Nicolas Montaudie)

Quelles sont les erreurs à éviter ?

Si des murs en CLT présentent autant d’avantages, cela est naturellement lié à la qualité des travaux effectués de la conception jusqu’à la mise en œuvre, en passant par l’étape de fabrication. Ainsi, il est toujours nécessaire de faire appel à des professionnels compétents, tout au long du déroulement du projet.

Aussi, il est conseillé de :

  • s’affranchir des risques liés à la météo, pendant le montage, en prévoyant une protection des panneaux sur le chantier. Des mesures d’humidité régulières peuvent permettre de s’assurer que ce taux d’hygrométrie du panneau reste proche de son état initial, afin d’éviter une dégradation potentielle ;
  • organiser le chantier efficacement, pour que les panneaux soient livrés dans l’ordre du montage. Il s’agit là aussi d’éviter d’entreposer des produits bois trop longtemps sur le chantier, alors qu’il est préférable de les mettre en œuvre rapidement, pour les protéger de la météo ;
  • identifier avec l’industriel les passages de gaines ou encore les réseaux de ventilation, etc. ;
  • bien anticiper les détails de conception, en menant des études d’exécution avec les différentes entreprises intervenant dans le projet. Cela permettra de prévoir les réservations ou les passages de gaines nécessaires.

Quels sont les textes en vigueur ?

Afin que l’usage des panneaux dans des applications structurelles s’appuie sur des textes reconnus, on peut citer plusieurs sources de référence. La norme NF EN 16 351 (2015) définit ainsi les caractéristiques de performance du bois lamellé-croisé (CLT) de structure. De même, il est prévu d’intégrer les calculs de telles structures dans une nouvelle version de l’Eurocode 5, à l’horizon 2027.

En attendant, citons qu’un guide de mise en œuvre du CLT datant de 2014 a été élaboré dans le cadre du programme RAGE (Règles de l’Art Grenelle de l’Environnement). Il n’est toutefois pas reconnu en technique courante, et les solutions proposées ne peuvent donc pas être reconnues systématiquement par les assureurs. Le CLT ne fait pas non plus l’objet d’un DTU (Document Technique Unifié) spécifique.

Salle multifonctionnelle "La Barroise" (© Jean-Philippe Thomas)

Salle multifonctionnelle "La Barroise" (© Jean-Philippe Thomas)

Ainsi, pour relever de techniques courantes, il est encore aujourd’hui nécessaire de recourir à des démarches comme les Avis Techniques, ou des procédures d’évaluation particulières, comme les Appréciations Techniques d’Expérimentation (ATEx).

Concernant sa localisation dans le bâtiment, le CLT doit respecter les conditions nécessaires à sa durabilité biologique, définie selon la norme européenne NF EN 335. En effet, en fonction du risque d’attaque par des champignons ou des insectes, il lui faut être conforme aux classes d’emploi suivantes :

  • Classe 1 : usage intérieur, où il n’y a pas de risque d’humidification. Seul le risque lié aux insectes persiste. C’est notamment le cas du mobilier ou du parquet ;
  • Classe 2 : usage intérieur, avec un risque d’humidification accidentel, qui peut causer un risque de développement fongique, en plus du risque lié aux insectes. C’est le cas des usages en structure, par exemple.

Le CLT, par son potentiel, tend à se développer pour répondre à de plus en plus de besoins. Les techniques évoluent et proposent aussi des pratiques reconnues dans le corpus technico-règlementaire actuel. Ses nombreux atouts en font un matériau adapté aux enjeux d’aujourd’hui et de demain… Il ne reste plus qu’à vous en convaincre dans votre futur projet constructif !