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Sylvain Gaudin – CNPF
L'impact du changement climatique sur les forêts françaises est considérable ! Nos arbres font face à des températures inédites, des sécheresses exceptionnelles et des tempêtes de plus en plus fréquentes.
Le climat de la France évolue rapidement. Les étés sont plus chauds, les hivers plus doux, et les précipitations se modifient. Nos forêts, peu habituées à ces conditions, peinent à s'ajuster à ces nouveaux paramètres !
L'inventaire forestier national dressé par l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) observe nos forêts depuis des années. Les données sont préoccupantes : la santé des forêts se détériore partout en France.
La mortalité des arbres a effectivement augmenté de 80% en dix ans. Entre 2005 et 2013, l'équivalent de 7 millions de mètres cubes d'arbres dépérissait par an. Aujourd'hui, c'est plus de 15 millions ! Ces chiffres témoignent de l'impact réel du changement climatique sur nos forêts.
Cependant, nos forêts continuent de croître ! La surface forestière française s'étend toujours de 85 000 hectares par an et couvre aujourd'hui 17,5 millions d'hectares, soit 32% de notre territoire national. Elle a même progressé de plus de 20% depuis 1985.
Le défi ? Cette croissance ralentit. Le bilan net de croissance du volume de bois a été divisé par deux en dix ans, passant de +41,7 millions de mètres cubes à environ +20 millions. (Source : IGN)
Nos forêts grandissent encore, mais moins vite qu'avant. C'est pourquoi un accompagnement forestier devient essentiel pour les aider à s'adapter au rythme du changement climatique.
Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, aucune région n'est épargnée. (Source : Institut Technologique FCBA, Memento 2024-2025)
Certains arbres souffrent plus que d'autres face au changement climatique. Les épicéas sont les premiers touchés ! Ces grands résineux du Nord et de l'Est de la France subissent une forte mortalité en lien avec la prolifération d'insectes ravageurs, les scolytes. Ces petits coléoptères, favorisés par le réchauffement climatique et la sécheresse qui affaiblit les arbres, creusent des galeries sous l'écorce et déciment les peuplements.
Les frênes aussi disparaissent rapidement. La chalarose du frêne, maladie causée par le champignon Hymenoscyphus fraxineus originaire d'Asie, les attaque depuis les années 2000. Le réchauffement climatique les affaiblit encore plus face à ce pathogène invasif.
Les chênes, pourtant costauds, perdent leurs feuilles de plus en plus tôt. Les hêtres jaunissent en plein été. Même les pins, habitués à la chaleur, souffrent dans certaines régions de France.
Les effets du changement climatique sur nos forêts sont multiples.
Les épisodes de sécheresse se multiplient et se prolongent. Les arbres manquent parfois d'eau : ils sont en stress hydrique.
Un arbre en stress hydrique se met en quelque sorte "en économie de batterie", un peu comme un téléphone portable ! Il laisse tomber le superflu - ses feuilles - pour se concentrer sur ses fonctions vitales. Résultat : les feuilles jaunissent et tombent prématurément, les branches se dessèchent progressivement.
Le niveau des nappes phréatiques diminue, les cours d'eau connaissent des étiages sévères. Même les arbres dotés d'un système racinaire développé peinent parfois à puiser les ressources hydriques nécessaires à leur survie.
Le réchauffement climatique aide les ennemis de nos arbres ! Les insectes nuisibles se multiplient plus vite avec la chaleur et les hivers doux ne les éliminent plus suffisamment. En plus, le changement climatique ayant affaibli les arbres, ils ont moins de force pour se défendre.
Les champignons pathogènes profitent aussi de l'affaiblissement des arbres. Stressés par la sécheresse et la chaleur, les arbres perdent leurs défenses naturelles et deviennent des proies faciles pour les maladies. C'est un cercle vicieux : plus il fait chaud, plus les arbres sont affaiblis, plus ils deviennent vulnérables aux attaques de champignons comme l'armillaire ou aux maladies invasives comme la chalarose du frêne ! (Source : Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement)
Quand les arbres meurent, c'est tout l'écosystème forestier qui souffre ! Les animaux perdent leur habitat, les plantes n'ont plus d'ombre, le sol s'appauvrit.
Et les forêts stockent moins de carbone. Or, nos forêts sont des pompes à carbone précieuses ! Elles aspirent le CO₂ de l'air et le stockent dans le bois tout en produisant de l'oxygène. Moins d'arbres vivants = moins de carbone stocké.
Les risques de feux de forêt augmentent également. Des arbres morts et secs, c'est de l'essence pour les incendies ! Les conséquences du changement climatique s'accumulent dangereusement.
Pour adapter la forêt au changement climatique dont les effets sont déjà visibles, il est nécessaire de la rendre plus résiliente. Mais les forestiers travaillent sur une échelle de temps longue. Le fruit de leur travail d'aujourd'hui ne sera visible que dans 20, 30, 50 ou 100 ans !
Diversifier les espèces d'arbres, c'est une des solutions clés ! Au lieu de forêts en monoculture avec un seul type d'arbre, on crée des mélanges d'essences qui limitent la propagation des parasites spécifiques et réduisent les risques de coupes sanitaires massives en cas d'attaque.
Parallèlement, les forestiers accompagnent aussi le déplacement des essences : planter des essences du Sud dans le Nord, remplacer progressivement les épicéas vulnérables par des chênes plus résistants aux nouvelles conditions climatiques. Cette "migration assistée" aide nos forêts à s'adapter aux évolutions du climat.
Les forestiers et scientifiques travaillent main dans la main pour identifier et tester des espèces d'arbres capables de mieux résister aux nouvelles conditions climatiques. Ces recherches portent sur des essences locales mais aussi sur des variétés provenant de régions aux climats similaires à celui attendu en France dans les décennies à venir.
Tous les forestiers, qu'ils gèrent des forêts publiques ou privées, adaptent leurs méthodes face au changement climatique. Leur travail repose sur une observation constante et une connaissance approfondie du terrain qui leur permet de mettre en place les actions appropriées selon les circonstances.
Les forestiers privilégient généralement les coupes partielles et progressives qui maintiennent un couvert forestier protecteur. Les coupes rases, pratique de gestion normale et parfois indispensable, sont utilisées de manière raisonnée : pour des raisons sanitaires (éliminer des arbres malades), pour favoriser la régénération de certaines essences qui ont besoin de lumière, ou pour adapter la forêt aux nouvelles conditions climatiques. (Source : Office National des Forêts)
Cette gestion forestière durable, basée sur la surveillance continue des peuplements et l'expertise des professionnels, crée des forêts plus résilientes et mieux préparées aux défis climatiques futurs.
L'avenir de nos forêts dépend de nous ! Si on agit maintenant, grâce à la gestion forestière durable et en adoptant les bons comportements au quotidien, on peut limiter les dégâts du changement climatique.
Les événements climatiques extrêmes vont continuer. Canicules, tempêtes, sécheresses : il faut accompagner nos forêts dans cette transition. Pour cela, les projets en Recherche et Développement sont nombreux. Avec l'aide des instituts de recherche, le FCBA, l'INRAE, et en parallèle des actions sur le terrain, c'est toute une filière qui œuvre chaque jour pour rendre la forêt française plus résiliente.
Utiliser les bois de crise est un acte citoyen pour préserver la forêt. Il est nécessaire d'extraire rapidement les arbres infectés par des insectes comme les scolytes pour éviter la propagation et régénérer les parcelles atteintes. Ces "bois de crise", récoltés dans l'urgence, conservent toutes leurs qualités d'usage et ne se distinguent que par leur esthétique. Ils représentent une ressource précieuse pour le stockage du carbone dans les produits durables.
Plus généralement, nous pouvons tous contribuer à la lutte contre le changement climatique en nous appuyant sur le rôle essentiel de la forêt et du bois.
En savoir plus sur les gestes à adopter en forêt.
En résumé, l'impact du changement climatique sur les forêts est bien réel. Nos arbres souffrent et avec eux tout l'écosystème forestier, la faune, la flore et plus largement la société à qui la forêt rend de nombreux services : pompe à carbone, îlot de fraîcheur, production de matériaux bois...
Mais avec une gestion durable des forêts, nous pouvons les accompagner dans leur adaptation. Et c'est là tout l'enjeu : le bois et la forêt sont essentiels pour lutter contre le changement climatique. C'est un cercle vertueux ! Plus on aide la forêt à s'adapter, plus on stocke du carbone durablement dans les produits bois, plus on lutte contre le changement climatique et plus on limite les impacts négatifs du changement climatique sur la forêt.
L'avenir de nos millions d'hectares de forêts dépend des actions que nous menons aujourd'hui.
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