Zoom sur le bois dans les Jeux de Paris
Parole d'architecte : le choix du bois dans le gymnase l'Atalante Bâtiments publics : santé, culture, sport, éducation

Parole d'architecte : le choix du bois dans le gymnase l'Atalante

Mis à jour le 4 févr. 2022 à 09:23:32

L'agence Koz nous présente la réalisation du gymnase de l'Atalante, plus grand équipement tout en bois de Paris, situé dans le 16ème arrondissement.

Bois.com : Présentez-vous 

Nous avons crée KOZ il y a 20 ans et dès nos premiers projets nous avions commencé à taquiner l’emploi du bois, alors que nos études et nos premières expériences professionnelles étaient plutôt béton ! Dans notre premier projet - une caserne de pompiers - il y avait un peu de bois, et quand les pompiers nous ont demandés pourquoi on ne l’avait pas fait entièrement en bois, on a décidé de pousser plus loin et de devenir 100% bois.

On essaye d’être à la hauteur de notre devise « Joyeux et engagés », qui s’applique autant à l’esprit de l’agence qu’à la façon d’aborder les projets.

C’est peut être pour ça que nous adorons les démarches collectives. Avec d’autres architectes dans les groupes PLAN01 et FRENCHTOUCH ou pour un projet au Mexique.

On est très attachés à la dimension de « recherche en faisant ». Dans des petits prototypes fait maison, à travers l’enseignement et la transmission avec des workshops d’étudiants en France, Serbie, Hongrie et Côte d’Ivoire, et dans la dynamique WOODRISE. Et aujourd’hui un projet de prototype d’habitat abordable en Martinique avec le PUCA et une petite commune visionnaire.

Mais on essaye aussi de préserver une vie engagée en dehors de l’agence: parents, tri-athlète, coordinateur d’AMAP, bricoleur, cuisiniers etc.

Bois.com : Présentez le projet du gymnase de l'Atalante.

Le projet remplace les vestiaires vétustes datant de la construction du stade et ajoute une offre de salle multisport, de danse, d’escalade et d’art martial qui manquait dans le quartier, notamment pour les scolaires. En s’implantant le long du boulevard il libère un mail intérieur de liaison entre les activités sportives à l’abri du trafic, tout en permettant aux passants des coups d’oeil sur les salles de sport. Il est semi enterré pour laisser la première place à la continuité végétale entre les alignements d’arbres du boulevard et le bois de Boulogne, aux vues vers le bois des voisins de l’autre coté du boulevard et de la petite ceinture et apparaitre plus comme un pavillon dans un parc que comme un front urbain, même s’il fait près de 100 mètres de long !

A l’intérieur il n’y a pas de cloisonnement entre le hall, la salle d’escalade et la grande salle: on déambule de l’une à l’autre et l’on entend la rumeur des autres sportifs. Les salles de danse et d’art martial, qui demandent un silence propice à la concentration sont à part. A chaque séquence la structure bois est présente , du sol au plafond, y compris dans les vestiaires, en passant du portique grande portée, aux parties en CLT ou en charpente aérienne.

    Bois.com : Pourquoi avez-vous choisi le bois ?

    Choisir le bois c’est comme choisir le bio ou le végétarisme face au conventionnel ou au régime carnivore: il faut changer ses habitudes mais c’est mieux pour sa santé et celle de la planète.

    Depuis 20 ans nous commençons tous nos projets en pensant « bois ». Mais pour aller au bout il faut que tous les intervenants adhérent à ce choix. Ici avec la Ville de Paris, on prêchait des convaincus; un peu inquiets quand même puisque c’était leur plus gros projet en bois. Mais le bois avait aussi des atouts économiques et stratégiques: éviter de charger les fondations sur un sol - disons pourri. Et limiter l’impact du chantier dans un voisinage jaloux de sa tranquillité. Résultat, aucune contestation du permis, et un plaisir franc des utilisateurs et des élus de l’arrondissement.

    Bois.com : Quel est votre rapport au bois ?

    Une dimension esthétique liée aux qualités sensibles et au jeu entre liberté et rigueur des assemblages.

    Une dimension sociale liée à la moindre pénibilité sur les chantiers et à la valorisation de métiers manuels avec de hauts savoirs faire dans le monde de la construction .

    Une dimension citoyenne avec la possibilité de modifier, faire soi-même et favoriser la mise en place d’ateliers de petite industrie collaboratifs.

    Et une dimension écologique, et d’ »usage du monde ». Le bois construction n’est un formidable puits carbone massif que si l’on prends soin des forêts dont il est issu, de leur sol, de leurs habitants. Et que l’on réduit les déchets sur la chaîne qui va « de la forêt à la maison » en mobilisant entreprises, gouvernements et société civile. Une démarche à laquelle nous avons la chance de participer modestement dans des pays d’Afrique Tropicale.

    Bois.com : Selon vous, il y a-t-il une relation usager / bois (confort, sérénité par exemple…) ?

    • Nous avons eu la chance d’aller au Japon et après des journées à marcher pieds nus sur les parquets aux nervures doucement ravinées des galeries des temples, nous avions une posture différente, plus ouverte et déliée.

    • Etre dans un lieu en bois c’est comme être dans un instrument de musique: le son est précieux, on respire mieux, on est plus attentif aux nuances du milieu.

    • Il commence à exister un petit corpus d’études sur cette capacité du bois au bien être, et de notre coté nous sommes toujours à la recherche d’une étude sur la persistance ou non de l’émission de phytoncides dans le bois d’oeuvre qui pourrait expliquer une partie de cette action bienfaitrice.

    Découvrez-en plus sur ce projet : cliquez ici

    © Cécile Septet © Koz Architectes