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Parole d’architecte – La surélévation vue par David Fagart Réhabilitation

Parole d’architecte – La surélévation vue par David Fagart

Mis à jour le 7 sept. 2022 à 14:39:29

Le 28 juin 2019, le projet de surélévation Aux Quatre Arrondissements s’est vu décerner le Prix National de la Construction Bois dans la catégorie « réhabiliter un logement ». David Fagart, l’un des associés de l’agence Post-Office Architectes, nous présente la réalisation primée.

Bois.com : Pouvez-vous nous présenter Post-Office Architectes ?

Avec mes associés, Line Fontana et François Leininger, nous avons créé notre agence en 2014. Nous nous sommes rencontrés il y a une quinzaine d’années, quand nous travaillions chez Jean Nouvel. Après avoir travaillé sur des réalisations remarquables aux quatre coins du monde, tels que des musées, des opéras ou encore des gratte-ciels, nous avions envie de prendre notre indépendance. Le temps était venu pour nous de développer nos propres projets, d’imaginer des constructions qui répondraient aux besoins des gens qui sont là.

Bois.com : Avec le projet Aux Quatre Arrondissements, vous avez imaginé la surélévation d’un immeuble de logement existant. La réhabilitation est-elle pour vous un exercice stimulant ?

Ce que j’aime dans les projets de réhabilitation, c’est composer avec les contraintes. C’est passionnant de jouer avec l’existant. On hérite de quelque chose que l’on peut transformer. On nous met aussi à disposition des réalisations qu’on ne pourrait plus construire aujourd’hui. Ça nous permet de mener de vraies réflexions sur l’architecture d’hier et d’aujourd’hui. En partant du bâti existant, nous cherchons les moyens de l’adapter aux modes de vie contemporains. C’est pour cela que c’est vraiment un type de projet que nous affectionnons.

Bois.com : À quelles demandes répondait la surélévation de l’immeuble Aux Quatre Arrondissements ?

Le propriétaire qui a fait appel à nous possédait déjà l’appartement du dernier étage. Il avait un usage de la terrasse sur le toit et il désirait y développer une extension. Il souhaitait mobiliser l’espace disponible sur le toit pour y installer une nouvelle pièce de vie.

Bois.com : Quelle a été votre inspiration pour la création de cette extension ?

Nous avons cherché une forme qui dialoguerait avec le fronton déjà présent. Nous voulions le compléter tout en trouvant un moyen simple de créer un nouveau volume. Nous avons alors imaginé un geste élémentaire qui nous paraissait très juste ici : dérouler une feuille au-dessus de l’immeuble. Le choix de la courbe fait également écho aux nombreux porches et passages que l’on voit dans le quartier. Le platelage en métal qui recouvre l’édifice permet enfin de fondre le bâti nouveau dans le décor des toits parisiens.

Bois.com : Quelles techniques constructives ont été mises en œuvre pour cette surélévation ?

Le bâtiment existant était un ancien grand magasin. Au départ, il s’agissait d’un rez-de-chaussée surmonté d’un étage. Il a été surélevé une première fois au cours du XXe siècle. Le principe structurel alors utilisé était le poteau fonte-acier. Pour la construction de notre extension, nous sommes venus chercher les têtes de ces poteaux pour nous en servir comme structure porteuse. Nous avons ensuite conçu un placage de poutres métalliques au sol, destiné à accueillir la structure en bois. La voûte est dessinée par quatre poutres cintrées en lamellé-collé. Sur ces éléments, nous avons installé des panneaux sandwich isolants. Il s’agit de modules composés de deux lames de bois entre lesquelles s’insère un matériau isolant. L’avantage de ce principe est que le même élément sert à la fois de parement intérieur, de couche d’isolation et de support de toiture. La voûte est enfin parée d’une feuille de métal.

Bois.com : Pourquoi avez-vous fait le choix de privilégier le bois ici ?

Nous avons d’abord imaginé le module. La question du système construction s’est posée dans un second temps. Nous avions d’abord pensé travailler le métal. Nous nous sommes très vite rendu compte que le bois serait plus facile à mettre en œuvre. Il est plus léger, plus rapide à monter. C’est également une solution économique.

Bois.com : Quel rapport avez-vous avec ce matériau ? L’employez-vous souvent ?

Nous ne sommes pas des spécialistes du bois. J’ai commencé à utiliser ce matériau avec le projet Aux Quatre Arrondissements. J’ai découvert quelque chose de simple et d’agréable à mettre en œuvre. Le bois présente aussi l’avantage d’être léger. Il propose une finesse esthétique et de bonnes performances thermiques. C’est maintenant une solution que je préconise quand le projet s’y prête bien. Et puis nous avons la chance de pouvoir travailler avec de très bons charpentiers.

Bois.com : Pour quelle raison avez-vous souhaité présenter ce projet au Prix National de la Construction Bois ?

Avant de présenter Aux Quatre Arrondissements, le projet avait déjà attiré l’attention de nos pairs alors quand j’ai vu l’appel à candidatures, je me suis dit « pourquoi pas ? ». De plus, c’est une réalisation exemplaire pour plusieurs raisons. L’usage du bois valorise la filière sèche et un procédé de construction performant et rapide. La surélévation d’un bâtiment quant à elle est une réponse au besoin d’espaces habitables en milieu urbain dense. Cette réhabilitation a également été l’occasion de rénover toute l’isolation du toit de l’immeuble et d’y installer des panneaux photovoltaïques. Les travaux menés rendent donc le bâtiment plus performant et plus en accord avec les enjeux écologiques actuels.